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A la première catégorie appartiennent deux peintures du cimetière de Domitilla. C'est d'abord un plafond : au milieu d'un cadre octogonal, qu'entourent huit compartiments à scènes bibliques, Orphée, vêtu d'une tunique flottante et coiffé d'un bonnet phrygien, est assis sur un rocher et joue de la cithare ; à droite et à gauche, un arbre où perchent un paon et d'autres oiseaux ; aux pieds du chanteur, divers animaux, dont un lion, un cheval, une tortue, un serpent. Une autre fresque, au fond d'un arcosolium, montre Orphée dans la même attitude et le même costume, entre deux arbres et des oiseaux ; à droite, deux lions ; à gauche, un boeuf et deux chameaux. Ces deux fresques sont étroitement apparentées à l'art païen.

Tout autres sont les peintures de la seconde catégorie. La figure du héros, moins personnelle et moins vivante, y devient un symbole. Dans un arcosolium du cimetière de Priscilla, Orphée n'a plus autour de lui que les animaux symboliques, familiers à l'art chrétien : le bélier, la brebis, le chien, la colombe.

La scène est encore plus simple et plus abstraite sur un plafond du cimetière de Calliste : Orphée, transformé en «Bon Pasteur», n'a plus pour auditeurs que deux brebis.

C'est ce dernier type qu'adoptèrent les sculpteurs chrétiens. Sur un sarcophage d'Ostie (fig. 5136), Orphée, en costume romain du temps, n'est plus caractérisé que par le bonnet phrygien, équivalent conventionnel du bonnet thrace ; il ne joue que pour une colombe et un bélier, d'ailleurs très attentifs ; la scène laisse une impression toute mystique. Mêmes caractères sur des sarcophages de Porto Torres et de Cacarens, sur une pyxis de Brioude, sur un sceau de Spalato.


''On a récemment découvert à Jérusalem, près de la porte de Damas, une mosaïque où est représentée une scène analogue. Cette mosaïque se trouvait dans un cimetière chrétien, et parait elle-même chrétienne. Orphée s'y montre avec sa physionomie symbolique, comme dans les fresques les plus récentes des Catacombes ; près de lui sont deux femmes, Theodosia et Georgia, en qui l'on a voulu reconnaître des saintes. Si l'interprétation est justifiée, cette mosaïque de Jérusalem, qui date probablement du iv ou du ve siècle, marquerait la dernière étape dans l'évolution du type. Orphée ne serait plus seulement un symbole de christianisme ; associé à des saints, il serait devenu lui-même une sorte de saint. Mais il convient d'attendre de nouvelles découvertes, avant d'admettre cette conclusion.

En Occident, aucun des monuments chrétiens où figure Orphée ne parait postérieur au IVe siècle. Et l'on s'explique aisément pourquoi. A force de simplifier et d'idéaliser la scène, on en avait supprimé tous les traits caractéristiques : Orphée disparut sans doute de l'art chrétien, parce qu'il s'était identifié avec le Bon Pasteur.

P. Monceaux

Pour aller plus loin...

Les représentations iconographiques d'Orphée dans les monuments chrétiens
Article Orphée du Dictionnaire des Antiquités chrétiennes de Martigny (1877)

L'orphisme
Article Orphici du Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Daremberg et Saglio (1877)''

http://www.mediterranees.net/mythes/orphee/daremberg.html